Diplômé de la Haute Ecole des Arts du Rhin.
Vit et travaille à Strasbourg.
« Creuser la terre, pétrir l’argile, tailler la pierre. En quête des instincts les plus primitifs que l’Homme entretient avec la matière, Elie Bouisson questionne non seulement la forme mais le processus gestuel qui lui donne vie. Agissant dans l’action et par introspection, l’artiste vient déconstruire notre notion de l’objet pour rendre visible cette « radicalité du geste » à jamais réversible que l’on appose sur la matière. Cette excitation palpable qu’il exprime lorsque l’artiste parle de son œuvre est liée à cette illusion du contrôle et de la maîtrise. C’est la matière qui impose ses contraintes au créateur et c’est ici que Elie Bouisson va tester les limites de cette dernière mais aussi de son propre corps. Ce corps qu’il utilise comme « comme terrain d’expérimentation, comme atelier de fabrication ». Telle une recherche archéologique à travers l’intuition du geste, l’artiste vient travailler des matériaux tels que la cire ou le plâtre, dans un « processus simple et direct » sans l’intellectualisation. La technique s’invente au moment même où le corps agit dans un mouvement de répétition, un empirisme radical qu’il définit comme un « travail à l’aveugle ». Dans cette marche solitaire, le geste présent se fait l’écho du précédent, pour devenir rythme et bientôt « chorégraphie ». Ainsi l’œuvre qui en résulte échappe à l’artiste et l’objet « se suffit à lui-même ». Elie Bouisson aime à être le « premier spectateur » de son œuvre, qu’elle existe en dehors de lui. Afin que l’autre puisse à son tour s’y infiltrer, l’appréhender instinctivement. L’explication vient après. L’objet doit d’abord être ressenti, il doit provoquer un émoi et faire ressurgir ses sensations vécues pendant l’acte de fabrication. Ces objets parlent d’abord de la « sensibilité propre aux matériaux » dont ils sont composés et de l’action qui vient les transformer. Il dévoile les infinies possibilités enfouies dans la matière car « elle a un pouvoir en soi » qu’il tente ici de révéler. »
Texte du Collectif Embrayage