Diplômée de la Haute Ecole des Arts du Rhin.
Vit et travaille à Paris.
« À quel dessein sont voués ces meubles et objets que l’enfance et la vieillesse ont enchantés ? Que de contes et de souvenirs imprègnent nos foyers et nos jardins sans que quiconque ne tende l’oreille à leur histoire. L’œuvre d’Anna L’Hospital s’éveille dans cette affinité qu’elle entretient avec ces objets, ces meubles qui vivent à travers elle et à travers sa mémoire. Attirée par les objets suspendus entre deux états, les objets accidentés, nécrosés, agités par le temps, elle développe depuis la mort tragique d’un de ses proches une technique à la limite du rituel, lui permettant d’être au plus proches des objets, dans un « corps à corps » sempiternel. Le scotch, son médium de prédilection, vient se coucher sur tous les volumes de l’objet afin de suivre les courbes du meuble et en extraire l’empreinte, le témoignage. Ce scotch marouflé lui permet d’entrer dans « les reliefs et interstices », de parcourir parfaitement le motif du bois, le motif de la pierre et d’ainsi épouser pleinement les formes sans jamais dénaturer l’objet. S’invite alors la mine de plomb, souvenir d’attache de l’artiste avec le dessin, qui vient gratter la matière en creux et produire son négatif. Un processus long par lequel l’artiste va se lancer dans un « combat avec la matière », cherchant à tout prix à lui arracher son motif et son âme, tout en préservant son enveloppe. Cette cérémonie s’achève par l’incision au cutter de cette « seconde peau », qui révèle alors une mue légère, souple, libre de ses mouvements. La prise de cette « empreinte met en exergue la fragilité de départ » de l’objet destitué de sa fonction première. L’ambivalence voulue entre dessin et sculpture des œuvres de Anna L’Hospital s’inscrit dans son désir de déplacer le souvenir de l’objet, « son image fantôme » pour l’incorporer à un nouvel espace d’éloge, de commémoration, celui de l’espace d’exposition. »
Texte du Collectif Embrayage